Commentaires fermés sur BEC DE PERROQUET – MÂCHOIRE DE BOULEDOGUE … ect – PETITES PENSÉES POUR CES ÉQUIDÉS AUX MÂCHOIRES ATYPIQUES :
PETITES PENSÉES
POUR CES ÉQUIDÉS AUX MÂCHOIRES ATYPIQUES
Les Troubles du développement de la Base Osseuse, communément appelés TBO, entraînent une modification de la morphologie des mâchoires. Cela se manifeste par une réduction ou une augmentation de la taille d’un os par rapport à la norme. On retrouves ces malformations chez les équidés. Qui n’a jamais entendu parlé de cheval bégu par exemple !
Les TBO sont à considérer car ils ont pour conséquence une gène du mouvement masticatoire plus ou moins importante, et ils favorisent l’apparition de certaines pathologies.
On distingue plusieurs types de TBO :
Pour faire simple on peut les regrouper de 4 sortes :
Les Prognathies,qui correspondent à une déformation de la mâchoire vers l’avant liée au fait qu’un os est pluslong que la taille qu’il devrait faire.
Les Brachygnathies,qui correspondent à une déformation de la mâchoire vers l’arrière liée au fait qu’un os est plus court que la taille qu’il devrait faire.
Les Endognathies,qui correspondent à une déformation de la mâchoire vers l’intérieur liée au fait qu’un os est plus étroit que la taille qu’il devrait faire.
Les Exognathies, qui correspondent à une déformation de la mâchoire vers l’extérieur liée au fait qu’un os est plus large que la taille qu’il devrait faire.
Quelle est l’origine de ces malformations ?
Bien souvent les TBO résultent d’une combinaison de plusieurs facteurs, qui font intervenir un déséquilibre entre la croissance du crâne qui fait croître les mâchoires maxillaires et mandibulaires, et la croissance épiphysaire.
2 origines, génétique et congénitale sont retenues pour expliquer ces anomalies :
L’anomalie congénitale est une maladie avec ou sans malformation, apparue in-utéro. Elle est détectée à la naissance ou plus tard dans la vie. La maladie peut avoir été provoquée par une intoxication in-utéro par exemple, par un traumatisme d’ordre mécanique,…, ou il arrive qu’elle puisse être génétique aussi, mais sans qu’elle ait été héritée. On parle alors de « mutation de NOVO ».
Congénital n’est pas synonyme d’héréditaire. Une affection congénitale n’est pas forcément d’origine génétique, mais à l’inverse, une affection héréditaire est souvent congénitale puisque l’anomalie chromosomique est transmise à la conception.
L’anomalie génétique, quant à elle, résulte de l’altération d’un ou de plusieurs gènes. Il s’agit d’une maladie transmissible à la descendance.
Toutefois, il semble que les deux formes les plus courantes que l’on rencontre sont lesPrognathies et les Brachygnathies, et je vais développer ici, plus particulièrement, le cas des chevaux dits « Bégus » ou à « mâchoire en bec de perroquet », et celui des « mâchoires de bouledogue, mises en évidence en 1971 par Jones et Bogart :
*Les mâchoires « en bec de perroquet » ou « béguë » correspondent à un excès de longueur de l’os maxillaire (supérieur) par rapport à la mandibule (inférieur) (Pizzatta, 1991). D’après JONES et BOGART, il s’agirait d’une anomalie héréditaire à déterminisme dominant. Ainsi, il peut s’agir soit d’une brachygnathie mandibulaire, soit plus rarement d’une prognathie maxillaire ou d’un mélange des deux, parce qu’en fait, ces anomalies peuvent résulter d’un défaut de longueur de l’un des trois os (incisif, maxillaire ou mandibulaire), voire de plusieurs simultanément (cf le schéma ci-dessous) :
Quelle que soit la cause du bec de perroquet, elle modifie l’usure des incisives qui, ne s’opposant plus les unes aux autres, s’allongent excessivement à la façon de celle du lapin (voir illustration précédente). Dans les cas les plus sévères, les incisives les plus rostrales deviennent convexes, et nécessitent une réduction par étape afin de ne pas risquer d’exposer la pulpe.
Dans les cas les moins sévères, les conséquences sont surtout esthétiques.
En même temps, cette anomalie peut générer le développement de crochets plus ou moins volumineuxsur la 6 ième, c’est à dire la « première prémolaire », supérieure ou sur la 11 ième mandibulaire ou sur les deux ( voir schéma ci-dessous).
Les « mâchoires de Bouledogue », qui à l’inverse du cas précédent, correspondent à un raccourcissement de la mâchoire supérieure par rapport à la mâchoire inférieure. Ce cas serait plus rare que le précédent.
Dans le cas de la mâchoire de bouledogue, laprognathie mandibulaire est l’origine la plus retenue actuellement.
A l’inverse de l’anomalie en Bec de perroquet, des crochets vont davantage se développer au niveau des 6 ièmes inférieures et des 11 ièmes supérieures.
Ainsi, au niveau dentaire, plusieurs cas de figure vont se présenter dans les configurations des mâchoires en « bec de perroquet » ou en « bouledogue » :
Avec un décalage des incisives uniquement lorsque le défaut de longueur touche l’os incisif :
Avec un décalage des incisives et des arcades prémolaires et molaires lorsque le défaut de longueur touche les os maxillaires, mandibulaires ou simultanément un des trois :
Quelques Observations :
Dans tous les cas, ces « crochets » formés peuvent alors causer des lésions au niveau des joues et pourront être douloureuxavec l’appui du mors.
Il est à noter que ces anomalies peuvent parfois être traitées chirurgicalement chez le jeune. L’intervention consiste à réajuster les os.
Par ailleurs, on peut aussi faire la remarque que si les petits écarts de longueur sont fréquents, les grands écarts de longueur sont quand même plus rares. En gros, les anomalies moins prononcées sont davantage constatées.
Je me suis concentrée sur les mâchoires en bec de perroquet » et de bouledogue mais il me semble important de souligner qu’il existe de nombreux autres TBO et qu’ils n’atteignent pas forcément l’aplomb des incisives, et le défaut de longueur d’un os peut se répercuter seulement sur l’alignement des molaires et prémolaires comme le montre le schéma ci dessous :
Petit résumé quant aux conséquences pour l’animal qui présente un TBO :
Au niveau dentaire, ces déformations vont favoriser la formation de surdentset de pointes d’émail au niveau des 6 ieme et des 11 ieme (encore appelées Crochets).
Cela va également accentuer les dysfonctionnements du mouvement masticatoire,de manière plus ou moins importante. La mobilité des arcades pouvant s’en trouver limitée, notamment en raison d’un défaut de pression (insuffisance ou défectueuse). Cela a pour conséquence une mastication amoindrie et une usure des dents bien moins efficiente. Lorsque le cheval est au travail, le mouvement antéro-postérieur de la mâchoire peut se trouver bloqué ou entravé, empêchant ou rendant difficile certains exercices et créant des défenses.
Les incisives sont aussi le siège d’une surveillance accrue dans cette pathologie :Leur usure, si elles sont encore en contact, vient former un biseau très oblique, et celles de la mâchoire plus courte, en poussant démesurément, peuvent blesser la mâchoire opposée, la région des barbillons ou la voûte palatine. Déjà au 19 ième siècle, il était rapporté que dans de rares cas, une perforation du palais était à craindre (cf Weber et Mittaut, Bulletin de la société centrale de médecine vétérinaire, 1876).
Il faut savoir que du fait du caractère hypsodonte des équidés (pousse continuelle des dents), l’anomalie va se renforcer au fil du tempset donc avec l’âge de l’animal.
On observe généralement suite à la déformationet pour les cas les plus sévères, une possible difficulté dans la préhension des aliments, notamment pour les chevaux qui vivent au pré.
Alors, oui, d’une façon logique et évidente, les équidés qui sont sujet à ces anomalies signent pour des contrôles dentaires plus fréquents.
Bibliographie complémentaire :
Pour les plus curieux qui maîtrisent l’Allemand, : « Lehrburch der Zahnheilkunde beim Pferd de Carsten Vogt » paru en 2010 – Timo Zwick
Commentaires fermés sur FAIRE EXAMINER LA BOUCHE DE SES ÉQUIDÉS, PLUS QU’UNE MODE, UNE NÉCESSITÉ …
Je n’ai aucun doute que la plupart des propriétaires sont sensibles au bien-être de leurs animaux, et je remarque depuis que j’exerce en qualité de Technicien Dentaire Équin, que de plus en plus accordent la visite annuelle à leurs petits protégés, sans oublier les clubs, les haras, les élevages … Oui, il faut le dire, même s’il faut aussi dire que la pratique de faire examiner la bouche de son cheval, de sa mule ou de son âne, n’est encore pas systématique et empreinte de nombreux préjugés…
Cette année, j’ai rencontré assez souvent des chevaux entre 12 et 20 ans, pour une primo visite :Non pas qu’ils aient été négligés pour la plupart, mais parce que souvent, ils ont connus plusieurs foyers ce qui ne favorise pas un suivi régulier ou rigoureux, ou bien encore parce que le propriétaire n’avait pas mesuré l’importance du soin dentaire (on ne sait pas toujours, et en cela je refuse de culpabiliser qui que ce soit).
Parfois, c’est aussi une idée reçue qui entrave l’appel du dentiste.
Par exemple, il est faux de penser qu’un cheval vivant au près est forcément plus épargné que celui qui vit au box.
Ainsi, un cheval tout dodu qui mange n’est pas forcément un animal qui « pète la forme » buccalement parlant :
Comment pourrait on imaginer que quelque chose ne va pas dans ces conditions ? Pourtant, et c’est l’objet de mon post aujourd’hui : cela peut arriver…
Sans prétention aucune, je voudrais sincèrement et à ma petite mesure, lutter contre le défaut d’informations, ou la conviction inadaptée, en faveur du bien-être des équidés si chers à mon cœur ….
En effet, il faut être un peu aguerri pour visiter la dentition de son animal au delà du seuil des incisives.
Normal, il faut être à minima outillé et formé car les fonds de bouche atteignent la hauteur dessous l’œil. Ensuite, s’il est facile d’apercevoir une déformation inhabituelle, il le sera beaucoup moins de repérer des anomalie à l’intérieur de la cavité buccale, une fracture, ou une pathologie plus particulière. C’est là qu’interviennent l’œil et le diagnostique compétent du Technicien Dentaire Équin, communément appelé « le TDE ».
N’oublions pas qu’une dentition délétère, c’est un gage de « bonne santé » qui s’effrite… Car tout commence par là… Tout commence par la bouche… Et honnêtement, une primo visite dès l’age de 2,5 ans peut permettre d’éviter bien des désagréments et favoriser la longévité de la dentition et par conséquent la durée de vie de votre cheval.
En outre, c’est tout un travail de prévention qui accompagne la visite du Technicien Dentaire Équin :
C’est le fameux « PRÉVENIR VAUDRA TOUJOURS MIEUX QUE GUÉRIR » dont je resterai une adepte inconditionnelle. Montrer son animal régulièrement (une fois par an généralement), c’est lui éviter des soins plus complexes et/ou plus longs quand il verra le dentiste, c’est aussi maîtriser certaines pathologies et la formations de surdents, c’est donc, tout logiquement, lui éviter des blessures, des douleurs et optimiser son confort et sa santé. Et j’insiste sur le fait qu’un Technicien Dentaire Équin compétent ne nivellera pas inutilement une dentition, très conscient qu’il s’agit là d’un capital dentaire et donc d’un capital limité !
ALORS POUR EUX, SI VOUS HÉSITIEZ ENCORE, NE DOUTEZ PLUS ET FAITES EXAMINER LES BOUCHES DE VOS ÉQUIDÉS .
Commentaires fermés sur FAQ LE TECHNICIEN DENTAIRE ÉQUIN EN 24 QUESTIONS / RÉPONSES
FAQ. Le Technicien Dentaire Equin en 24 Questions/ Réponses
Je tiens à préciser que les deux premières questions ne servent aucune polémique et font seulement état d’un décret.
1°)Il faut désormais être diplômé et agréé par la FFTDE de concert avec le Conseil National de l’Odre des Vétérinaires, pour exercer cette profession en toute légalité ?
OUI, au risque, le cas échéant, d’être en exercice illégal de la médecine vétérinaire et qu’en cas de problème, les assurances ne fonctionnent pas.
2°) Comment savoir si le TDE est en droit d’exercer ?
Le site de la FFTDE répertorie les TDE agréés, mais leur listing ne couvre pas forcément en temps et en heure les élèves sortant des promotions précédentes. Votre Technicien Dentaire Équin, pour intervenir en conformité avec la législation en vigueur, doit être titulaire de trois choses :
Une RC pro
Un diplôme agréé par la FFTDEET de la convention signée par l’Ordre des Vétérinaires.
3°) Le TDE fait-il un compte rendu de son travail ?
OUI à l’oral et à l’écrit. D’une part pour laisser une trace et rendre compte, afin de faciliter les interventions ultérieures, de faire lien avec les autres corps de métiers ( vétérinaire, ostéopathe équins ect..), et d’autre part pour vous expliquer ce qu’il a fait et pourquoi.
4°) Quel est le rôle du Technicien Dentaire Équin ?
Globalement, il va contrôler la sphère buccale et s’assurer du bon état de la bouche de l’animal. Il doit être à même d’identifier les problématiques, de repérer les pathologies puis d’intervenir pour corriger lorsque cela est du champ de ses compétences. En gros, il va niveler, corriger, apporter du confort, enlever des gênes voire des douleurs. Il collabore et fait lien avec les autres corps de métier qui gravitent autour de l’animal, il oriente aussi… Il va également répondre à vos interrogation, vous informer et vous rassurer parfois…
Pour faire court, le dentiste a un rôle préventif et curatif.
5°) Quels sont les actes légalement autorisés par le Technicien Dentaire Équin :
Outre le descriptif dans l’item précédent, le TDE est à même d’éliminer les pointes d’émail et les aspérités des tables dentaires, d’extraire des dents de laits et les fameuses dents de cochon et de loup.
Il est important de souligner que le cadre réglementé nécessite parfois de collaborer avec le vétérinaire notamment pour l’extraction de dents de loup ou de cochon car lui seul est habilité à sédater l’animal et cela est désormais obligatoire dans la loi consacrée au bien-être animal.
6°)Quand recourir au Technicien Dentaire Équin (TDE)?
Une fois par an est un bon résumé et permet de maintenir une cavité buccale saine optimale, d’assurer confort et santé à l’animal, ainsi que de prévenir d’éventuelles complications.
Ce n’est encore pas une profession encore très populaire dans le sens où l’on n’appelle pas systématiquement ou régulièrement le dentiste pour son cheval, son âne, son mulet,… , d’autant que les équidés ne gémissent pas et ne crient pas…, mais avec l’intérêt pour le bien-être animal on y vient de plus en plus et les propriétaires ne lésinent plus.
7°) Y a t il un moment mieux qu’un autre pour appeler le Technicien Dentaire Équin ?
A l’heure où les concours reprennent, le check-up dentaire peut être une bonne idée effectivement ! Sinon, il n’existe pas une période plus propice qu’une autre pour effectuer la visite annuelle préconisée, sauf évidemment si l’animal présente des signes particuliers, douleur, gène, changement de comportement, ou s’il a reçu un traumatisme sur la tête (choc, chute, ect) Dans ce cas là, le venue du dentiste équin ne me semble pas surfaite.
8°) A partir de quel âge doit on montrer son équidé au Technicien Dentaire Équin ?
D’une façon générale, une visite tous les 6 mois dès l’âge de 2,5 ans jusqu’à 4,5 ans est optimale. C‘est généralement le moment de la perte des dents de lait et parfois cela ne se passe pas au mieux. La rétention des coiffes (dents de lait) peut alors se répercuter sur la dentition adulte et entraîner des pathologies. C’est également la période qui précède le débourrage et il serras utile de retirer les dents de loup si elle sont présentent. Mais si vous avez un doute, une question, le TDE peut intervenir avant. La séance ne sera pas vaine et participera à la désensibilisation de votre animal.
Par la suite, à partir de 5 ans, une visite annuelle est préconisée. Si elle peut parfois sembler surfaite, elle évite ensuite des interventions plus lourdes.
9°) Pourquoi recourir au Technicien Dentaire Équin (TDE) ?
La domestication moderne des chevaux impacte vraiment, que ce soit de par les modes de nutrition (auges accrochées, rations, contenus), ou de par l’utilisation des mors et autres harnachements, mais aussi de par les modes de vie. De fait, l’usure des dents peu être modifiée. (Il faut savoir que chez les équidés, les dents poussent continuellement et vont s’user lors des mouvements masticatoires). L’intervention du Technicien Dentaire Équin va contrôler les surdents, y remédier mais aussi il peut mettre en exergue d’autres dysfonctionnements ou pathologies qui peuvent se répercuter sur l’état général de l’animal.
10°) Un cheval au pré a-t-il besoin d’un suivi identique à celui d’un cheval au boxe ?
Contrairement aux idées reçues, même les chevaux vivant au pré sont touchés du fait des « pelouses formatées». Il ne faut pas omettre que les herbages sont complètement différents que ceux que les chevaux rencontrent lorsqu’ils sont en liberté ( en variétés, en taux de variété aussi). Alors il se peut que le nivellement soit moins important, mais cela revêt pour beaucoup de la singularité de l’animal plus que du lieu où il vit… Ils sont tous unique, porteur d’une hérédité, de caractéristiques génétiques, ect…
11°) Quels sont les signes qui peuvent alerter sur la nécessité d’une consultation dentaire ?
La vigilance et l’observation permettent souvent de se rendre compte que quelque chose ne va pas. Il existe bon nombre de signes qui doivent vous alerter. Ce sont par exemple le rejet d’aliments, les difficultés à se nourrir, la perte de poids, les saignements, une salivation excessive, la mauvaise haleine, des fibres longues dans les crottins, des coliques à répétition, ect… Au travail le cheval peu aussi avoir des difficultés d’incurvation ou faire des extensions d’encolure par exemple, ect…En cas de choc c’est fortement conseillé et en cas de doute n’hésitez pas à prendre contact avec un Technicien dentaire équin.
12°) « Mon cheval pète la forme, il est bien dodu : Il n’a pas besoin de voir le dentiste » !
FAUX. C’est souvent leur perte de forme et d’appétit qui vient alerter, mais il est risqué de ne se fier qu’à ça ! Attention cela peut être trompeur car, d’une part, ils ont les mêmes problèmes de surdents que la plupart des équidés tous confondus, et d’autre part, il m’est arrivée plusieurs fois, au court d’une primo visite de contrôle, d’avoir à faire à des « chevaux gras » avec des pathologies assez importantes, comme des fractures dentaires…, alors qu’aucun ne montrait de signes extérieurs apparents pour signaler cet état. Toutefois, que chacun se rassure, l’intervention rétablit rapidement tout cela.
13°) Où se déroule le soin dentaire ?
Les soins se déroulent dans un lieu habituel pour l’animal cela peu aussi bien être au pré, au box, a l’aire de pansage, … Il n’y pas de règle du moment que les consignes de sécurités sont assurées.
14°) Faut-il isoler l’animal de ses congénères habituels ?
NON, les soins peuvent se dérouler en présences des congénères, et même, souvent cela les rassure plutôt que de les éloigner et de créer une source de stress supplémentairement pour certains. De plus, cela permet aux autres de regarder et de s’habituer.
15°) Faut-il sédater l’animal ?
Seulement si celui-ci a un comportement dangereux pour lui et les personnes qui l’entourent, et ne permet pas de réaliser un soins correct OU dans le cas de l’extraction de dent de loup ou de cochons. Sinon la sédation n’est pas requise.
16°) Le Technicien Dentaire Équin peut-il pratiquer une sédation ?
La réponse est courte : NON. Seul le vétérinaire y est habilité
17°) Combien de temps dure une consultation ?
Une consultation dure en moyenne 20min par cheval mais cela peut varier selon les cas, autant de par l’approche que de par les nécessités du soin en lui-même.
18°) Quelles sont les étapes essentielles lors d’une consultation dentaire équine ?
(Je vais décrire mon propre protocole)
L’approche se veut douce et bienveillante. Après avoir fait connaissance et pris des renseignements sur la vie et le parcours du cheval, je palpe, ausculte et observe en vue d’évaluer la situation. Ensuite, j’interviens à proprement parler :
Le soin classique consiste à niveler les surdents. Ce sont des pointes d’émail liées au fait que la dent de l’équidé pousse continuellement et à la conformation des arcades ( maxillaire 30% plus large). Comme je le soulignais en amont, les modes de vie actuels ne permettent plus de maintenir une usure équilibrée et même pour les équidés vivant au pré l’usure des dents ne se fait plus de façon optimale. Il ne s’agit surtout pas de limer abusivement, mais de garantir au mieux cet équilibre. Un dentiste compétent ne touchera pas aux tables dentaires et ainsi, au capital de l’animal.
Dans les cas les plus fréquents, je rencontre aussi des dominances plus importantes, des décalages, …On en vient à bout par des corrections à faire.
Pour les chevaux de sports il peut convenir aussi de regarder le siège du mors.
J’interviens assez fréquemment au niveau du tartre, des dents de laits qui ne tombent pas convenablement, où la présence des dents de loup ou de cochon à extraire afin de ne pas gêner le débourrage ou le cheval au travail…
Il faut vraiment s’adapter à la situation de chaque animal, à son âge, à son mode de vie, à son activité….
19°) Parfois, on me demande si les soins dentaires » font mal » :
NON les soins dentaire ne sont pas douloureux. En revanche, il arrive qu’un animal ait mal et que ce soit ce qui a motivé la venue du dentiste. L’objectif est de le soulager au plus vite et au mieux. Si cela devait être douloureux, une sédation sera pratiquée. mais cela reste rare, (hormis pour les extractions de dents de loup ou de cochon, bien entendu).
20°) Râper en électrique est-il plus risqué que râper en manuel pour le capital dentaire de l’équidé ?
NON, la compétence d’un dentiste ne se joue pas à l’outil qu’il utilise et le travail effectué doit rester le même quelque soit la méthode appliquée.
21°) Faut-il un point de branchement électrique pour que le Technicien Dentaire Équin puisse effectuer sa consultation ?
NON. Il existe de nos jours des moteur sur batterie portable, accrochée à la ceinture ou dans le dos, et qui ne nécessite pas de branchement électrique. Cependant, certains praticiens ont encore du matériel filaire et ont besoin d’un branchement. Il est donc utile de poser la question quand vous contactez le dentiste, et d’autant plus si votre cheval est au pré.
22°) Quel est le coût d’une consultation effectuée par un Technicien Dentaire Équin ?
Les tarifs conventionnels fixés par la FFTDE sont de 75€ HT, mais à cela, il faut tenir compte de si le TDE est assujetti à la TVA ou non, et du choix des praticiens dans leurs tarifs. Ainsi, il peut y avoir quelques variations de l’un à l’autre.
23°) Comment contacter un TDE ? Puis je l’interpeller sans engager de soins ?
C’est une profession itinérante et personnellement je suis amenée à me déplacer partout où l’on m’appelle. Certains praticiens se limitent a un secteur plus régulier. Là encore il n’y a pas de règle. Pour contacter un dentiste il suffit d’activer un appel, un SMS, un mail, via FB ou messenger parfois aussi, ou via un site.
Je ne peux pas m’engager pour mes consœurs et confrères mais, il m’arrive également de répondre à des interrogations lorsque des propriétaires ont besoin d’informations, ou s’ils sont inquiets sans que cela n’engage forcément à une consultation qui m’incomberait.
24°) Et sans le contrôle du Technicien Dentaire Équin, il se passerait quoi ?
Parfois chez des équidés qui n’ont jamais été vus, il n’y a pas trop de travail. D’autres fois, les dégâts peuvent être importants car en cas de décalage dentaire, l’usure est imparfaite et cela peut générer des plaies et des pathologies qui affectent l’animal dans sa globalité. Il faut aussi savoir que plus l’âge est avancé, et plus ils et compliqué de revenir sur une dentition saine et d’en corriger ses pathologies. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes accordent son importance au dentiste équin mais c’est encore loin d’être une pratique systématique et il m’arrive de rencontrer des chevaux qui n’ont pas eu de soin bucco-dentaire depuis de nombreuses années. Cela ne signifie pas qu’ils vont mal, et il n’est pas question de culpabiliser les propriétaires. Mais je pense sincèrement qu’éviter le dentiste, sans prêcher pour ma paroisse, c’est prendre des risques avec la santé de son équidé…
Il me semble important de rester vigilant au bien être animal en informant, en éveillant à une prise de conscience, parce que quelques idées préconçues persistent encore.
Je m’aperçois au fond, que c’est essentiellement une relation triangulaire de confiance qui s’instaure entre le praticien et le propriétaire de l’équidé, entre le dentiste et l’animal, et entre l’animal et son propriétaire. Une relation où douceur et patience sont des maîtres mots si on veut respecter et se montrer bienveillant.
Commentaires fermés sur TICS CHEZ LES ÉQUIDÉS ET USURE DES DENTS
TICS CHEZ LES EQUIDES ET USURE DES DENTS
Tout d’abord, qu’est ce qu’un TIC ?
Les stéréotypies, encore appelées « tics », sont des mouvements répétitifs plutôt réitérés à l’identique (toujours les mêmes), que l’on pourrait catégoriser de « symptomatiques », en ce sens où ils n’ont ni but ni fonction évidente.
« Si vous voyez un cheval sortir sa et bouger sans arrêt sa langue, la mâcher, la frotter sur un support, le lécher, faire claquer leurs lèvres en secouant la tête… c’est qu’il tique ».
Le tic à cette particularité d’être à la fois la conséquence d’un dommage et d’en provoquer à son tour (des dommages) !
Pourquoi un cheval tique ? Facteurs en aggravant le risque :
Le tic est une réponse inadaptée à une situation de stress, un mécanisme qui devient ensuite une sorte d’addiction, de dépendance.
Ces comportements peuvent s’avérer être une réponse au stress, à l’ennui, à la privation de contacts entre équidés, au manque de fourrage associé à des quantités importantes de concentrés, à la restriction des mouvements (espace trop exigu), à une faible stimulation sensorielle,.…, mais la liste est loin d’être exhaustive, et l’impact du sevrage est également un sujet qui fait débat dans les facteurs favorisant l’apparition de tics.
Quels sont les équidés qui peuvent tiquer ?
La réponse est courte : TOUS !
Il n’y a pas d’âges ou de genre privilégiés. Des chevaux remis au pré peuvent se mettre à tiquer, tout comme un tiqueur invétéré arrêtera de tiquer.
Pour autant, une équipe de l’ISME (Institut Suisse de Médecine Équine) a montré que les tics sont des indicateurs comportementaux d’une qualité de vie basse, propres à la domestication et à la détention, qui se mettent en place dans un contexte lié à une phase de stress chronique, de conflits et de frustrations répétées, en combinaison avec une prédisposition génétique.
Les conséquences du tic sur la santé de l’équidé :
D’une façon générale, les tics peuvent avoir des conséquences néfastes pour la santé du cheval. Tous ne génèrent pas une usure excessive des dents, mais ce sont ceux-là, les tics à l’appui, qui vont nous intéresser. Lorsqu’ils se manifestent, on peut constater des déplacements de vertèbres (entre autre), et c’est toute une difficulté digestive qui généralement se répercute, avec notamment, un vrai défi parfois pour maintenir un poids constant chez l’animal.
Certaines études suggèrent un lien potentiel entre la manifestation de ces stéréotypies et la présence d’ulcères. L’administration d’anti-acide améliorerait l’état de l’estomac et réduirait, de fait, la fréquence des tics pendant la digestion. Un lien direct avec le type de régime alimentaire est mis en exergue (alimentation rationnée -peu de foin et beaucoup de concentrés).
Des tics qui provoquent une usure « anormale » des dents chez les équidés :
Le fameux « tic à l’appui » : Le cheval saisit des objets fixes, s’appuie sur un support avec ses incisives, puis balance souvent son corps en arrière. La contraction des muscles de l’encolure et l’émission d’un bruit rauque qui correspond au passage de l’air dans l’œsophage sont caractéristiques. (Un cheval qui tique à l’air prend la même posture d’encolure et fait le même bruit, mais ne prend pas appui).
Certains chevaux vont carrément frotter leurs dents contre les murs ou les barreaux de leur box. Il est facile de comprendre qu’en faisant de la sorte, ils usent prématurément leurs incisives. Le résultat est parfois spectaculaire. D’une part, leur capital dentaire ainsi éprouvé va raccourcir la durée de vie des dents, ce qui peut grandement impacter sur la longévité de l’animal, mais pas que….
Dans l’ouvrage « De l’extérieur du cheval », MM GOUBAUX & BARRIER expliquent que de leurs observations autour du tic chez le cheval, il résulte que les variétés d’usures qui lui sont inhérentes rentrent dans l’une des cinq catégories suivantes :
1° Quand l’usure attaque les pinces et les mitoyennes et plus rarement, elle ne porte que sur les coins. Elle est d’ordinaire plus étendue d’un côté que de l’autre. Le biseau qui en résulte peut atteindre jusqu’à deux centimètres de longueur et diminue toujours dans une grande proportion la surface de la table dentaire. 4 schémas extraits de « De l’extérieur du cheval » – de MM GOUBAUX & BARRIER– se dessinent :
2° Quand l’usure particulièrement difficile à observer, qui porte sur leur face postérieure des incisives, Elle peut facilement être reliée accidentellement à autre chose qu’un tic, mais un observateur aguerri apercevra le biseau postérieur et la courbure plus accusée des incisives. (fig. 327 : A, B, C).
3° Quand l’usure entame les deux faces des incisives : (fig. 327, D et fig. 328, A).
L’âge de l’équidé devient alors difficile à déterminer au regard de la diminution de l’étendue des tables et dans des sens opposés. Deux cas peuvent se présenter :
a. Il existe un biseau antérieur en haut et un biseau postérieur en bas (fig. 327, D). b. Le biseau antérieur porte sur les dents du bas, le postérieur, au contraire, sur celles du haut (fig.328, A), un cas moins fréquent, car elle nécessite une position de la tète plus gênante pour l’animal.
4° Quand l’usure affecte les tables dentaires : (fig. 328, B, C, D).
On observe alors un simple raccourcissement des dents par usure régulière, mais excessive, de toute la surface de frottement des dents qui portent sur le corps étranger.. « Or, comme tous les chevaux qui ont les incisives trop courtes ne sont pas forcément tiqueurs, et que, d’autre part, tous les tiqueurs n’ont pas fatalement les dents moins longues qu’il ne faut », la prudence est de rigueur !
Voici les trois cas possibles constatés par MM GOUBAUX & BARRIER
a. Le raccourcissement n’intéresse que les dents de la mâchoire supérieure (B) ;
b. Il affecte seulement celles de la mâchoire inférieure (C) ;
c. Enfin, il porte à la fois sur celles des deux mâchoires (D), lorsque le bord libre de l’auge, par exemple, est assez étroit pour que l’animal puisse le mordre avec facilité.
5° Quand l’usure touche les faces latérales des incisives (fig. 329).
Ces cas sont caractérisés par la formation d’un double biseau convergent vers le centre de la bouche et lorsque les mâchoires sont rapprochées, une série de gouttières verticales qui peuvent finir par atteindre la gencive, faisant tiquer l’animal de l’autre côté afin d’éviter la douleur. Les tables sont profondément entamées sur leur bord antérieur et sur les bords latéraux.
La vigilance du Technicien Dentaire Équin auprès des chevaux qui tiquent :
« Il est clair que ses dents devront présenter des caractères anormaux qui varieront d’ailleurs dans une très grande proportion, suivant le mode choisi pour tiquer, la nature et la forme des corps sur lesquels s’effectuera l’appui des mâchoires. »
(Extrait de De l’extérieur du cheval – Page 767- MM GOUBAUX & BARRIER)
L’atteinte des dents d’un cheval qui tique ne se limite pas à l’usure prématurée des incisives, face à laquelle n’importe quel dentiste sera impuissant. Non, c’est toute l’intégrité des tables dentaires prémolaires/ molaires qui peuvent subir des anomalies concomitantes. On pourra aussi voir des défauts d’occlusion empêchant une mastication satisfaisante, et par delà, qui engagera la digestion de l’animal.
Rappelons-le, un déséquilibre au niveau des tables dentaires peut engendrer des lésions ostéopathiques, en passant par des tensions dans l’ATM, mais cela peut aussi se répercuter sur l’ensemble du corps et l’état de l’équidé.
Le technicien dentaire équin, par un suivi régulier, veillera à maintenir au mieux la cavité buccale, en prévenant et restaurant.
Selon la situation, il pourra rapprocher les contrôles, mais cela n’est pas un incontournable non plus.
Alors il est vrai que le sujet aborde de vraies problématiques, mais ma conclusion se voudra néanmoins rassurante et s’appuiera sur « La réponse du Docteur P. Chuit – Cheval Santé, et je le cite :
« L’idéal serait de trouver la raison qui stresse ce jeune anglo-arabe au point de la faire tiquer à l’appui… Ayant observé la bouche de nombre de chevaux durant mes nombreuses années de pratique, si j’ai vu des dentures qui ont passablement souffert, mais je n’ai jamais été confronté à un souci de préhension du fourrage. Comme la plupart prennent appui avec leurs incisives maxillaires, leurs lèvres supérieures, déjà très habiles pour choisir le brin d’herbe, ils se débrouillent très bien. »
Sources supplémentaires : « Le parfait Maréchal »,Solleysel ch2 87 -DU TICQ – 1785 –IFC – Les dents du cheval
Commentaires fermés sur PETITES INFOS AUTOUR DES « DENTS DE LOUP »
Tout d’abord, petit rappel sur ce que sont les fameuses « Dents de Loup » :
Ce sont des dents situées sur la mâchoire supérieure, qui ne sont pas forcément présente chez tous les équidés. Elles apparaissent autours de 6 mois-1 an an.
Lorsque ces dents sont localisées sur la mâchoire inférieure, on les appelle « dent de Cochon »… L’origine de ces termes serait plutôt simple : On les appelle comme ça car leur forme rappelle celles qu’ont ces animaux !
Un cheval peut posséder des dents de loups quelque soit son genre (mâle/femelle), et il n’y a pas de règle : Il peut en avoir aucune, une seule, deux…
Faut-il toujours extraire les « Dents de Loup » ?
A coup sur : NON !
Les dents de loup ne seront gênantes que pour un animal mis au travail avec un mors car elles se trouve pile a l’emplacement de celui ci créant de vive douleurs a son contact . Ainsi, un cheval à la retraite qui coule de paisibles jours au pré n’a pas besoin d’en être débarrassé. Un cheval monté en hackamors non plus, et une poulinière pas davantage… elle ne devient gênante qu’au contact du mors.
Les « Dents de Loups » sont-elle toujours bien visibles ? ( Dents de Loup incluses)
Et bien non !
Il existe des cas où elles sont incluses. Lorsque le dentiste passe la main, il perçoit une petites bosse dure sous la gencive.
Alors, me direz vous, si elles sont internes, elles ne sont pas problématiques ?
Là encore, NON! (elles ont les mêmes conséquences que les dents de loup « normales » et sorties).
En effet, elles vont provoquer des douleurs ou des symptômes similaires à ceux observés avec les dents de loup non incluses ; par ailleurs, le risque que la gencive qui recouvre la dent se retrouve pincée entre le mors et la dents est là, et est peut être source de douleur supplémentaire.
Quand- comment – par qui faire enlever les « dents de Loup » ?
La période idéale est celle qui précède le débourrage.Mais il n’y a pas d’âge en soit. Si vous montez un cheval qui a des « Dents de Loup » et qu’il vous semble peu coopératif à certain moment, s’il montre des défenses ou simplement des difficultés d’incurvation sur un certain coté, il serait judicieux de confirmer la présence ou l’absence de ces dents. Si elles sont la source de difficultés ou de douleur, elle peuvent être extraites.
Le Technicien Dentaire équin est habilité à pratiquer cet acte chirurgical MAIS : La loi récente indique clairement que l’animal doit être sédater et bénéficier d’une anesthésie locale. (C’est dans le cadre du bien-être animal et de sa considération…Je le répète souvent, mais ce n’est pas parce que le cheval ne crie pas qu’il ne souffre pas). Seul un vétérinaire est à même de le faire. Aussi, deux possibilités se dessinent : celle d’une coopération entre les deux corps de métier, ou bien celle que le vétérinaire assure la totalité du soin.
Chacun évaluera au mieux ce qui est préférable pour lui, pour le cheval.
L’intervention se déroule sur la trame d’une consultation classique on ajoute juste a celle ci un temps supplémentaire pour l’extraction. La sédation peut être pratiquée avant, ou juste après. L’extraction est assez rapide mais selon la taille, la position des Dents de Loup, cela peut varier. Le praticien doit toujours vérifier qu’il a retiré l’intégralité des dents, auquel cas il devra retirer les morceaux restant. Après l’extraction, le cheval ne doit généralement bénéficier d’aucun soin particulier mais il est préférable de ne pas lui mettre de mors pendant une quinzaine de jours afin de permettre une bonne avancée de la cicatrisation. Les bains de bouches ne sont pas nécessaire, la salive contenant un pouvoir antiseptique naturel.
Commentaires fermés sur QU’EN EST-IL DE LA CARIE DENTAIRE CHEZ LE CHEVAL ?
QU'EN EST-IL DE LA CARIE DENTAIRE CHEZ LES EQUIDES ?
Car, OUI, le cheval est sujet aux caries !
La carie, qu’est ce que c’est ? Comment ça vient ?
La carie est une affection bactérienne à dominance streptococcique qui entraîne la déminéralisent et détruisent progressivement les tissus durs de la dent (le cément puis l’émail puis la dentine), et peut poursuivre douloureusement son attaque jusqu’à la pulpe (la carie du cheval devient alors symptomatique).
Chez les équidés, la particularité est que les dents poussent continuellement. On appelle ça, l’hypsodontie. Généralement, comme la dent s’use, elle élimine au fur et à mesure la carie, ce qui rend sa progression minime ou nulle. L’avantage est que ça qui rend la carie bénigne. Toutefois, il peut arriver qu’elle atteigne la pulpe, qu’elle ne soit plus asymptomatique et qu’elle devienne préoccupante.
Les caries sont importantes à prendre en compte car elles prédisposent aux fractures et aux infections.
Quels sont les équidés et les dents concernés par la carie dentaire ?
Pour certains ( Cadiot et Almy), la carie apparaîtrait majoritairement chez les équidés âgés de 8 et 10 ans. Personnellement, j’ai eu à constater des caries chez des jeunes chevaux, dont sur des dents de lait. Elles seraient peu fréquentes sur les incisives … Là encore, je n’ai pas su trouver de statistiques ou d’études pour y répondre, mais j’ai personnellement pu voir des incisives touchées.
Après, soulignons que si la carie n’est pas inhabituelle, elle n’est pas non plus hyper présente. Les premières molaires sont souvent les plus fréquemment atteintes.
Probablement car ce sont les dents définitives qui apparaissent en premier, outre le fait qu’elles subissent un point de pression important lors des mouvements masticatoires, et qu’elles sont le siège des débris alimentaires persistants fréquents.
Une carie peut rester difficile à identifier à son stade asymptomatique, surtout au niveau des tables prémolaires-molaires, du fait du manque de visibilité et de l’absence d’indicateurs.
Les facteurs prédisposant à la carie
Le terrain génétique en est un.… Et le PH salivaire pourrait aussi expliquer une propension à la déminéralisation lorsqu’il est acide.
La nutrition joue un rôle, comme pour nous : Les amas de nourriture qui s’agglutinent et stagnent entre les dents est un vecteur de développement de la carie
On peut aussi émettre l’hypothèse que les chevaux qui mangent beaucoup de sucres sont également plus disposés, et encore qu’aucune étude ne vient corroborer ce postulat à ma connaissance ! Concernant, l’enrubanné, il est plus acide, les portions granulés, bien que structurés dans leur composition, offrent davantage de sucres que le milieu naturel ( herbe/foin). L’alimentation moderne des chevaux pourrait bien être un vecteur favorable à l’apparition de la carie équine.
Le tartre est un nid à micro organismes et bactéries, aussi, sa présence peut également un vecteur favorable à la carie
Un choc peut fragiliser une dent (comme pour nous), et notamment au niveau de l’impact, rendant sa structure plus sensible aux attaques acides ou microbiennes
Les diastèmesoccasionnent l’accumulation de nourriture créant une fermentation. En cela, ils sont aussi vecteur d’un milieu propice au développement de la carie.
Des tables dentaires irrégulières génèrent des usures irrégulières aussi et peuvent de fait, réduire l’émail dans certaines zones, les rendant plus fragile à la formation de carie.
Les symptômes- La douleur
La carie, chez l’équidé, n’est douloureuse que lorsqu’elle atteint la pulpe, c’est à dire à un stade bien avancé. Mais comme nous, la sensibilité d’un individu à l’autre va varier.
En fait, ce sont très souvent des problème de mastication ou une perte d’appétit qui peuvent mettre la carie en évidence, ou une haleine nauséabonde, au même titre que toute autre pathologie dentaire d’ailleurs.
D’autres symptômes secondaires peuvent la révèler, à savoir, des lésions de l’alvéole dentaire, une périostite, une fistule… Généralement, à ce stade, l’abcès périapical alerte et la douleur envahit !
Les risques concomitants
Si chez les chevaux, les caries dentaires restent assez bénignesdans de nombreux cas, il est important de ne pas les négliger car les infections des racines peuvent, en revanche, générer des complications. En effet, il faut garder à l’esprit que parfois, la dent fragilisée peut se fracturer et la mobilité occasionnée va créer des douleurs, des inflammations de la gencive, des parodontites, des abcès. La suite, vous la connaissez, c’est celle relative à une bouche abîmée, entraînant des problèmes masticatoires, une nutrition difficile, une perte d’état de votre Loulou.
Les soins- ce qu’il convient de faire en cas de carie
Généralement le nivellement que dispense le dentiste contient et réduit la carie, et effectué régulièrement, il permet de prévenir et de maîtriser l’affection, mais dans les cas les plus lourds, et lorsqu’il y a fracture, il faudra extraire la dent.
Ainsi selon le type de carie, plusieurs perspectives vont se dessiner pour soigner la dent :
Lorsque la carie est liée à une faiblesse de l’émail dentaire (choc sur une dent par exemple ou dentition âgée), il sera intéressant de limiter la pression des dents antagonistes sur la dent atteinte lors des phénomènes masticatoires.
Le curetage et la désinfection sont ensuite de rigueur et selon l’ampleur, il arrive que parfois, on obture avec un amalgame, (comme pour nous), mais cela reste plus rare chez les équidés du fait qu’avec la pousse continuelle des dents, et l’activité masticatoire importante, la viabilité de l’occlusion reste fragile.
Un traitement médicamenteux sera parfois nécessaire en cas d’infection.
Dans tous les cas, un suivi régulier permettra de contrôler l’évolution de la carie et empêchera que se niche, dans son trou, des débris d’aliments bactériogènes et propices aux parodontites. Voilà pourquoi, il est important de faire contrôler la bouche de son animal une fois par an.
Commentaires fermés sur C’EST L’HISTOIRE DE DIVA, 6 ANS, UNE JUMENT VIVANT AU PRE, EN PERTE D’ÉTAT…
C'est l'histoire de Diva, une poulinière de pré...
Diva est une poulinière Apaloosa, peu manipulée, qui vit en troupeau au pré, et en estive l’été. Elle a donné naissance à un joli poulain en Mai dernier, et sa venue pouvait expliquer une légère perte d’état, en dépit qu’elle ait suivi un protocole de vermifugation. Son amaigrissement a de suite alerté le propriétaire qui a appelé, pour la première fois, le dentiste.
Diva a été vue près de son bébé, dans son élément, afin de la perturber le moins possible. Elle montrait des lacérations sur la langue et les joues, témoins d’un désordre dentaire certain.
Pour la soulager au plus vite et lui permettre une bonne mastication, nous avons réalisé un nivellement des surdents et corrigé des dominances,…
Les plaies sur les muqueuses de Diva étaient importantes et douloureuses, et venaient forcément altérer sa mastication.
Le voile du palais présentait néanmoins une grosseur anormale avec une tâche de mucus, des informations importantes qui seront relayées au vétérinaire.
Diva s’est montrée exemplaire de patience.
Si une moralité devait être écrite sur cette intervention, elle se déclinerait en deux axes :
Les chevaux vivant au pré ont tout autant besoin d’un contrôle et d’un suivi dentaire que les autres,
ET
Le technicien dentaire équin fait lien avec les autres corps de métiers qui gravitent autour de votre animal, lui faisant bénéficier d’une prise en charge optimum.
Commentaires fermés sur ACCIDENT…. CHOC…MALADIE…. QUAND LA FACE EST ATTEINTE :
ACCIDENT…. CHOC…MALADIE….
QUAND LA FACE EST ATTEINTE,
QUE LE CHEVAL, L’ÂNE, LA MULE,…. NE PEUT PAS BIEN USER SES DENTS SYMETRIQUEMENT :
Pour illustrer ces particularités, je vais vous parler de RAFALE DE LA COLINE, une poulinière selle français de 14 ans qui vit au pré toute l’année. Elle a subi l’année dernière une paralysie hémi-faciale gauche. La paralysie n’a touché que la tête côté gauche, englobant l’oreille, l’œil, la bouche (lèvres langue,…).
En dépit de toutes les nombreuses recherches médicales, aucun diagnostic n’est venu expliquer la cause de son état. Le nerfs touché est le nerf facial nommé aussi nerf 7. Pour préciser, il s’agit du nerf moteur des 12 muscles pauciers de la face, qui a également un rôle sensitif au niveau de la région des lèvres, menton, naseaux. Il a aussi une fonction sensorielle dans la gustation, et il régule les secrétions lacrymales, et celles de certaines glandes salivaires … C’est vraiment un nerf beaucoup sollicité.
Bien qu’elle ne soit pas sujette à la douleur et s’étant bien adaptée à son handicap, Rafale souffre forcément des conséquences de cette paralysie. Et je ne vous cache pas que mon attention est décuplée au regard des répercutions que cela peut avoir sur sa sphère buccale.
Outre une vigilance accrue sur son état et sa prise ou perte de poids, Rafale est examinée en dentisterie tous les 6 mois.
MAIS AVANT TOUT, PETIT DÉBRIEF SUR LA DENTITION INITIALE DE RAFALE :
Comme la plus par des chevaux, Rafale est sujette aux surdents, mais elle présente aussi une petite particularité bien à elle : Elle compte 2 prémolaires en mandibulaire (les 8ème / 408 et 308) qui sont décalées en face vestibulaire. Je vais tenter un schémas explicatif (pardon pour la qualité), mais en bref, cela revient à avoir 2 dents qui sortent de la rangée vers les joues.
Cette pathologie nécessite par elle-même un soin régulier, parce que le risque que les dents viennent entamer et blesser les muqueuses des joues est fort.
QUELLES SONT LES RÉPERCUSSIONS DE SA PARALYSIE SUR LA SPHÈRE BUCCALE ?
*****Rafale a plus de mal dans la préemption des aliments car elle ne peu pas serrer fort avec les lèvres (inf / sup), notamment pour les attraper du coté gauche. De plus, nous avons remarqué qu’elle présente régulièrement des blessures types coupures sur la langue et les lèvres, sans doute due à la perte de sensibilité de cette région…
*****Elle assimile également moins bien la nourriture, car sa mastication est entravée par une diminution dans la mobilité de sa langue et par le fait qu’elle « perde » beaucoup d’aliments. Ses lèvres et sa joue gauche étant « mole » et peu mobile, les aliments ne sont plus maintenus suffisamment sur les tables dentaires et dans la bouche, et une bonne partie chute à chaque mouvement masticatoire. La pauvrette, lorsqu’elle mange ses granulés, il y en a autant à côté du seau dès les premières bouchées…Elle dépense donc plus d’énergie à se nourrir et passe plus de temps à manger une même quantité de nourriture.
*****Au niveau de la conformation de sa dentition, une légère modification de l’angle incisif vers l’avant a été observé, sans doute du au fait qu’elle utilise plus les dents que les lèvres pour prendre les aliments, mais pour le moment cela n’engendre aucuns effets négatifs.
QUELLES SONT LES PROBLÉMATIQUES A CRAINDRE ?
A plus long terme, nous pouvons craindre pour Rafale une usures inégale ou anormale des tables dentaires, si l’on fait l’hypothèse qu’elle mâche plus d’un coté que de l’autre pour palier à son handicap.
Cela engendrerait une modification de l’angle naturel de tables dentaires (angle de wilson), pouvant entraîner ce que l’on appelle une « dentition en ciseau ». Une telle conformation vient fortement restreindre l’équilibre masticatoire et outre une assimilation très médiocre, cela va également créer des problèmes ostéopathiques. Des douleurs au niveau de l’articulation temporo-mendibulaire peuvent survenir, et provoquer une modification des incisives en diagonale ( appelé « sourire en diagonale »).
L’intervention régulière du dentiste viendra prévenir et corriger ces pathologies lorsqu’elles sont préjudiciables en prenant soin de bien maintenir l’équilibre entre l’ATM, le contact des tables prémolaires/ molaires et des incisives.
PRÉCONISATIONS DES LORS QUE L’ÉQUIDÉ SUBIT UN TRAUMATISME AU NIVEAU DE LA TÊTE :
Un cheval victime d’une maladie comme RAFALE DE LA COLINE, ou d’un coup ou d’un accident au niveau de la face, a un risque accru :
Outre d’effectuer un contrôle afin de voir si aucune fracture dentaire n’est à déplorer,il conviendrait dans l’idéal, de vérifier que les fonctionnements musculaire et des glandes salivaires ne sont pas atteints. Des répercutions diverses (en fonction du traumatisme subi) peuvent venir perturber la mastication. Il serra donc, dans tous les cas, opportun de maintenir une certaine vigilance quant à l’usure des tables dentaires, au moins les premières années qui vont suivre le traumatisme.
L’objectif de faire contrôler par le technicien dentaire équin un animal qui a souffert d’un choc ou d’une maladie invalidante au niveau de la tête est à bénéfices multiples : cela permet de repérer une anomalie, d’anticiper les conséquences, d’y remédier aussi lorsque cela est possible, et d’éviter que de nouvelles pathologies s’inscrivent en conséquences collatérales.
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A QUEL ÂGE EFFECTUER LA PREMIÈRE CONSULTATION CHEZ LE CHEVAL ET POURQUOI ?
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas JADORE, c’est une espiègle, un tantinet pin’up… Une pouliche de 3 mois qui me voit venir avec mon titre de dentiste et qui profite de son jeune âge pour me narguer et me tirer la langue !!!! Mais viendra un jour, où….. « Oui oui, JADORE !!!! Tu n’échapperas pas à l’auscultation de mes petites mains ! »
DANS L’IDÉAL, IL CONVIENDRAIT DE FAIRE AUSCULTER son poulain, sa pouliche, son ânon, ect… DèS 2 ans- 2,5 ans. Les bénéfices sont multiples :
******************************************************************** I-) En effet, il s’agit de la période où leurs dents de laits vont commencer à tomber et à être remplacées par les dents définitives. Pour rappel, la chute des dents de lait a lieu entre 2 – 2,5 ans et 4,5- 5 ans. Généralement elle se fait spontanément et les dents tombent sans intervention. Dans certains cas cependant, les dents de lait persistent. On appelle ça la « rétention de coiffes ». Cela peuvent engendrer à terme des pathologies qui vont perturber tout l’équilibre dentaire de l’animal. Le dentiste veillera à ce que les dents lactéales soient tombées au bon moment. Le cas échéant, il faudra les extraire pour permettre aux dents définitives de prendre leur place au mieux.
********************************************************************** II-) Regarder un jeune équidé permet en outre de repérer des pathologies liées à des conformation de naissance atypiques. (par exemple quand l’os est peu conforme en taille ou orientation, quand on constate une « mauvaise » implantation, ect…) Cela permet de corriger au plus vite les éventuelles anomalies ou de repérer des potentielles vulnérabilités, et parfois ainsi d’éviter qu’elles arrivent ou d’en limiter les impacts en tous les cas sur sa vie d’adulte.
************************************************************************ III-) Cette consultation chez les jeunes vient également à point pour les équidés qui s’approchent du débourrage, ce qui permet de dresser un état des lieux notamment concernant la présence ou l’absence des dents de loup. Il est toujours préférable de les retirer avant que le cheval ne soit mis au travail.
************************************************************************ IV-) Un autre aspect non des moindres de cette primo consultation, est de permettre une mise en confiance entre le technicien dentaire équin et l’animal. C’est un premier contact, un moment où la patience est de rigueur. Faire connaissance avec les instruments, avec quelques manipulations qui pourront grandement faciliter la suite dans la relation, sont les premiers pas vers une approche sereine future entre l’animal et le dentiste.
« Tu vois, JADORE, tu peux toujours me tirer la langue ! Il y a plein de raison pour lesquelles tu n’échapperas pas à mes petites mains… Parce que prévenir vaut toujours mieux que guérir ! Mais dors tranquille, tout se passera en douceur et dans ton intérêt je te le promets !»
Commentaires fermés sur LA DENTISTERIE ÉQUINE AU FIL DU TEMPS…
POUR LA PETITE HISTOIRE : LA DENTISTERIE ÉQUINE N’EST PAS TOUTENEUVE!!!
Aussi, aujourd’hui, c’est un petit voyage à travers le temps que je vous propose et c’est d’abord en Asie, peut-être et probablement le berceau de la dentisterie équine, que nous commençons le périple :
Si vous êtes comme moi, vous concevrez et imaginerez difficilement l’histoire du peuple Mongol sans chevaux… Des armées nomades qui ont franchi la grande Muraille de Chine, aux traditions pastorales encore actuelles aujourd’hui, les chevaux occupent une place prépondérante dans leur quotidien, une place qui aurait justement justifiée le recours aux soins vétérinaires de ces équidés.
De fait, il n’est pas vraiment étonnant que les scientifiques de l’Institut Max Planck aient trouvé, en Mongolie, la plus ancienne preuve de soins dentaires vétérinaires connue à cejour: L’archéologue William Taylor et son équipe ont démontré, en analysant des crânes de chevaux issus de tombeaux des steppes mongoles, que des soins dentaires avaient été pratiqués, il y a de ça 3200 ans avant J.C.
Ils ont découvert par ailleurs que les éleveurs mongols évulsaient déjà les dents de loup de leurs jeunes chevaux pour faciliter leur conduite à la guerre et éviter des blessures dues aux embouchures métalliques.
Bien-sur, la dentisterie équine ne s’est pas limitée à l’Asie et si elle a souffert de « haut et de bas », elle a néanmoins traversé les âges et les continents, oscillant de regain d’intérêt en regain de désintérêt, sans jamais être totalement délaissée.Appuyons nous sur les cours de P. CHUIT et plongeons maintenant loin, loin, très loin !
Partons pour ce petit inventaire non exhaustif, et quelques anecdotes d’époques : Tout d’abord, «Les premiers écrits sur les rudiments de l’art dentaire proviennent vraisemblablement des HITTITES qui entretenaient une excellente cavalerie. Un document datant de 1360 av.J.C. donne des renseignements sur l’alimentation et le dressage deschevauxd’attelage. » (L’Art de soigner et d’entraîner les chevaux – texte hittite du maître écuyer Kikkuli éd. Favre 1998).
Plus tard dans l’Antiquité, à ROME plus exactement, vers 400 Après JC, on a retrouvé des manuscrits rédigés par CHIRON– La Molomedicina (fin du 4 ème siècle)- dans lesquels il évoque déjà la médecine vétérinaire. On peut y lire tout un pan concernant « les joues enflées, les maladies des dents et comment traiter les fractures de mandibule ». Dans un autre volume, il y décrit les dents .
A sincèrement remonter le temps, il faut mentionner également un ouvrage capital les Hippiatrica: Leclainché écrit que « Les Hippiatrica sont constitués par la juxtaposition de textes provenant des hippiatres byzantins. Ils renferment des fragments de dix-sept auteurs. Certains sont largement représentés, alors que le nom des autres n’est sauvé de l’oubli que par un seul article (Apsyrtos figure dans le recueil pour 121 articles ;Hierocles en fourni 107 ; Théomnestos 31 ;Pelagonius 48 ; Anatolius 10 ; Tiberius10 ; Eumèlos 31 ; Archedemus 2 ;Hippocrates 36 ; AEmelius Hispanus 1 ; Litorius Beneventus 1 ; Africanus 1 ; Didyme 5 ; Diophanes 1 ;Pamphile 1 ; Magon de Cartage 1. » (Cf Histoire illustrée de la médecine vétérinaire, Emmanuel Leclainché, membre de l’Académie des Sciences, de l’Académie Vétérinaire, de l’Académie de Chirurgie, de l’Académie d’Agriculture et de l’Académie des Sciences Coloniales. Tome I éd. Albin Michel, 1955)
« L’Hippiatrica mentionne, parmi les maladies des premières voies digestives : les accidents de la première et de la seconde dentition, les altérations des dents adultes, les abcès des gencives, la carie du maxillaire, les calculs salivaires, les fistules salivaires consécutives aux abcès ou à une intervention chirurgicale maladroite. La tuméfaction du palais, le lampas, fréquent chez les poulains, comporte la saignée au palais ; on prendra soins d’éviter les artères palatines. La parotidite est bien étudiée par Apsyrtos (né vers l’an 300 à Klazomène, il a reçu une instruction médicale très complète, sans doute à Alexandrie qui , au temps des Ptolémées, était le centre de la culture scientifique. Il était le vétérinaire en chef de l’armée Constantin le Grand) qui insiste sur le danger du débridement des abcès, cause fréquent de fistule salivaire. La fracture d’une branche du maxillaire nécessite l’application d’une gouttière immobilisant les abouts en contact et maintenance en place par bandes pendant quarante jours. » extrait de l’ Histoire illustrée de la médecine vétérinaire de Leclainché.
VEGETIUS, un autre contributeur de la médecine vétérinaire dans l’Empire Romain, rédigea « l’Art Vétérinaire », un ouvrage au sein duquel est abordé le diagnose de l’âge des chevaux par leur denture. Il a aussi mis au point la « machina » pour maintenir ouverte la bouche des équidés.
(Des écrits chinois datant de 250 ans avant J.C. rendaient cependant déjà compte de l’estimation de l’âge des chevaux au moyen d’un examen dentaire– source « Historique et avenirdes soins dentaires» de The History and the Future of Equine Dental Care.P.FAHRENKRURG www.Fahrenkrugvetdent.de ). Il reprendra aussi « la douleur de la base des dents », qui constitue une des premières notion de la maladie parodontale, mentionnée cependant bien avant lui, par ARISTOTE.
C’est un peu ciblé et technique, mais cela pour dire que les fondations de la dentisterie actuelle sont anciennes…
Rendons à César ce qui est à César !
Au Moyen Âge, on assiste à l’usage militaire croissant des chevaux. Ils servent également le transport. Cela va considérablement participer au développement de l’intérêt vétérinaire.Forcément, le bien-être du cheval va devenir une nécessité pour conférer sa puissance à l’homme.
Pour résumer beaucoup : Le développement de la dentisterie équine autour des années 1200-1400, très bien relatée dans « Historique et avenir des soins dentaires» de Peter FAHRENKRUG, aborde à cette époque, les traitements des gencives enflammées, parle des onguents pour venir à bout des parodontites et expose les techniques de nivellement et d’extractions dentaires.
Ne voyez là aucun féminisme, mais ça serait aussi en partie grâce à une femme que la dentisterie du Moyen Âge aurait captivé quelques attentions !
Je n’ai pas su trouver davantage d’informations sur sa réelle motivation, mais dans sa rédaction, il parle aussi de la reine Isabelle de Castille, qui en 1492, a décidé de consacrer une partie de son trésor de guerre au développement de la médecine équine. La cause est bienvenue !
D’autant qu’à ce moment de l’histoire, des divergences et pas des moindres,opposent les uns et les autres.
En découlent des pratiques parfois barbares… qui vont se répandre du 16 ième sièclejusqu’au milieu du 19 ième :
* * * Parmi les célèbres, Thomas Blunderville qui affirme que les chevaux n’ont que 16 dents (ignorant les molaires), même si mille ans avant lui, Aristote avait évalué correctement ce nombre de dents des chevaux. Il prétend corriger les bouches trop étroites en coupant les commissures des lèvres, de les cautériser et d’extraire les canines des barres.
Sir Anthony Fitzherbertquant à lui, conseille de « tuer les glandes parotides trop volumineuses avant qu’elles ne mangent les racines des oreilles ». Il écrit également ce qui pourrait se traduire de la sorte : « Dans la bouche il y a le lampas, un renflement plein de sang qui pend sous le palais, qui empêche de manger ». Il indique, selon la coutume de l’époque, de brûler au fer rouge ou d’entailler le palais. C’est une pratique, bien que caduque, qui n’est pas encore totalement éradiquée de nos jours, et dans certaines contrées perdurent sous le geste de percer le palais avec de fines aiguilles ou des lames.
Le premier à réfuter ces agissements sera Jacques de Solleysel.Dans une édition datée de 1691 de « Le parfait maréchal », La première grande référence française enmatière d’ouvrage recensant de la dentisterie équine. Il mentionne de nouveau les lampas, (ce fameux renflement de la taille d’une noix qui se situe sur le palais, au regard de la face distales des incisives).
Jacques de Solleysel maintient que ce bourgeonnement est parfaitement sain et lutte pour faire cesser les pratiques de cautérisation à leur égard.
Par la suite, d’autres dénonceront l’inutilité de cette intervention et s’opposeront aussi à ces pratiques.
Jacques de Solleysel se penche également sur les tics de morsure, les surdents, ainsi que des traitements à apporter à une bouche blessée. Son ouvrage reste une référence intéressante aujourd’hui encore et l’on y compte une bonne dose d’informations.
Le Moyen Âge est aussi témoin de pratiques peu scrupuleuses, notamment autour des meulages des incisives afin de falsifier l’âge des animaux.
Le commerce et l’appât du gain n’est pas neuf lui non plus…
Il n’y a pas non plus d’époque plus propice que d’autres pour que se répandent les rumeurs, mais de belles inepties ont quand même été véhiculées au Moyen Âge : (Je ne reviens pas sur celle relative aux juments bréhaignes qui font l’objet d’un précédent post) et en voici d’autres « pas piquées des vers » : On conférait par exemple aux dents de loup d’être à l’origine de nombreux maux, comme la cécité ou la folie, que leur ablation permettait de guérir. Leur avulsion se faisait à l’aide d’une gouge de menuisier et d’un maillet, tout comme l’élimination des excroissances dentaires et des arêtes saillantes, qui irritent les muqueuses. Il faut dire qu’à cette époque, l’outillage est rudimentaire. Jacques de Solleysel conseillait pour éviter de « buriner » et d’ébranler une mauvaise dent (voire la mâchoire), une méthode qui prêterait à sourire aujourd’hui : celle de faire mâcher au cheval une grosse lime de serrurier, 15 minutes de chaque côté.
Vous en conviendrez : « vive les râpes actuelles » quand même!.
Si j’adopte un regard optimiste, on peut aussi se centrer sur le fait que d’une façon générale, l’utilisation plus massive des chevaux au Moyen âge a imposé qu’ils soient en bonne santé ce qui a servi leur cause.
Oui, restons optimiste, mais réaliste et admettons que jusqu’aux alentours des années 1800, la dentisterie équine n’a pas constitué une priorité du cursus vétérinaire. Comme je vous l’écrivais, c’était les maréchaux-ferrants qui réalisaient la majeure partie des soins dentaires des équidés, ou tout autre « bricoleur » qui se déclamait compétent. Aujourd’hui encore, la formation en BTM maréchalerie prévoit cette spécialité même si très peu s’en saisissent.
En 1762, la première école vétérinaire du monde est ouverte à Lyon, puis celle de Alfort en 1765.
En 1805, Havermann décrit une nouvelle technique pour extraire les dents, un procédé de répulsion encore actuel. Auparavant, on recourrait au davier, ce qui n’était pas sans générer de fréquentes complications ( fractures, dommages aux gencives,…)
En 1824, Narcisse-François Girard (1796-1825) professeur d’anatomie et de physiologie à l’école d’Alfort travaille sur « le traité de l’âge du cheval » et présente un mémoire qu’il ne pourra pas publier faute de décéder l’année suivante, à 29 ans, d’une maladie que l’on attrapait lors des autopsies. C’est son père, Jean Girard, alors directeur de l’école qui reprend ses travaux puis qui les publiera. Il sera le premier à décrire la nature lactéale des dents.
J.H.Friedrich Günther (1794-1858) et son fils Karl W.Günther (1822-1888), des pionniers en chirurgie dentaire, ont vite été confrontés aux limites du matériel. Ils ont conçu de nombreux instruments tels que pas d’âne, davier, etc., qui ont été très prisés et copiés.
Bye bye les « marteaux et burins » au profit des râpes qui font leur apparition (et les premières fraises aussi).
En 1895 c’est le premier écarteur de bouche qui est conçu par Herman HAUSSMANN.L’évolution technique de la dentisterie équine est lancée ! Les améliorations porteront sur les plaques dentaires interchangeables, et ce pas d’âne, plein de fois copié, est de nos jours toujours le plus utilisé. C’est un de ceux-là même, que vous verrez quand je soigne la bouche de vos équidés !
Alexandre François Liautard, a marqué la profession. Après un passage à Maisons Alfort, il sort diplômé de l’école de Toulouse en 1856. Il s’expatrie 3 ans après aux Etats Unis, où il sera vite dénommé par ses confrères américains : « Père de de la profession vétérinaire aux U.S.A. ». Il crée l’American Veterinary College ! Parmi de nombreux ouvrage il nous laisse son davier ! (Philippe de Wailly).
Puis est venue la modernisation et avec elle, la mécanisation qui va forcément amorcerle recul du « cheval-utile ».
La dentisterie de fait, a connu un nouveau « creux de la vague », dédaignée au profit d’autres travaux jugés plus importants. Pour autant la discipline n’est jamais tombée dans les « oubliettes ».
Le Professeurallemand Erwin Becker (1898-1978), un incontournable dans l’histoire de la dentisterieéquine va grandement contribuer à la « remettre au goût du jour ».
Le contexte de guerre dans lequel il évolue et le recours de l’armée aux chevaux le conduisent à porter une attention particulière au niveau des bouches.
En effet, une meilleure bouche favorise les économies en ce sens où, les chevaux assimilent mieux la nourriture et ont donc besoin de quantité moindre. Ainsi, BECKER est parvenu, en ces temps de guerre, à faire diminuer considérablement la ration journalière des 2 millions et quelques équidés que comptait l’armée allemande, de ½ à 1 kg d’avoine par jour. L’étude le démontrant a été réalisée sur 30 milles chevaux !
Il fut le premier à promouvoir l’importance d’un examen bucco-dentaire complet et systématique annuel. En 1937 il mit au point un écarteur de bouche comportant des plaques de morsure interchangeables, ainsi que des barres rondes rembourrées et c’est à bord de son unité mobile qu’il rend visite aux chevaux. L’itinérance du dentiste est actée !
A cette époque, BECKER, qui souhaite promouvoir sa râpe EQUODENT, réalise un film remarquable intitulé « Einmal im Jahr …» (une fois par an), qui sort en 1943 et dans lequel il explique en 35 minutes tout l’art de la dentisterie. Un reportage que je conseille à tous les passionnés, les professionnels…
Il faudra attendre la seconde moitié du XXème siècle et un regain d’intérêt porté aux chevaux grâce à l’équitation sportive ainsi qu’à la pratique de loisir pour que la dentisterieéquine sorte véritablement de son désintérêt récurent.
En raison de la pression exercée par les dresseurs et propriétaires de chevaux, elle intéresse de plus en plus, dans le but premier d’améliorer les performances des animaux et d’optimiser leur alimentation, notamment du fait des contextes de vie qui changent (boxes). Ceci entraîna la seconde vogue dans la mise au point d’une nouvelle instrumentation, plus moderne, avec des outils rotatifs puissants. L’amélioration des médicaments utilisés pour sédater les animaux permet parallèlement de réaliser des examens bucco-dentaires plus sûrs et plus poussés. Les progrès réalisés dans l’imagerie poussent la discipline vers de nouveaux domaines. On découvre alors des problèmes, jusqu’à présent ignorés faute de moyens pour les diagnostiquer et les traiter.
La dentisterie équine pourrait bien, désormais, connaître de beaux jours, surtout si l’on considère qu’une bouche saine est à la base de toute la bonne fonction digestive du cheval, et par delà, de sa bonne santé globale.
Notons en 1970 cette méthode, toujours utilisée, pour identifier les dents de 1 à 11 par arcades et de numéroter les arcades de 1 à 4 que le docteur en médecine dentaire humaine Hugo Triadan a mis au point.
En France, une polémique naîtra et opposera rapidement les vétérinaires auxTechniciens Dentaires Équins, dont aucune législation ne venait cadrer cette « nouvelle spécialité » auto déclamée. D’autant que les écoles «ont poussé comme des champignons », allant de quelques jours de formations à plusieurs mois.
En effet et malgré des savoirs cumulés depuis……si longtemps, force est de constater que la dentisterie a échappé aux vétérinaires durant ces années où n’importe qui achète un pas d’âne, des râpes, des daviers, des élévateurs, peut se proclamer dentiste équin.
Bien évidemment, il est facile de comprendre que des abus ont découlé… La brèche béante s’est ouverte, au bon comme au mauvais, et avec, le retour à quelques dérives frauduleuses… Un peu comme au Moyen âge !
Bref, Aujourd’hui, la profession est réglementée. Un décret vient reconnaître et légiférer le métier de « Technicien Dentaire Équin », et permettra d’éviter des dérives. Il induit la collaboration et la bonne entente entre les vétérinaires et les dentistes sous l’égide de la FFTDE- GIPSA et du CNOV et définit clairement les compétences de chacun.
Le titre est enregistré au Registre National des Certificats professionnels depuis le 27 Décembre 2018. Cela nécessite désormais de suivre une formation dispensée dans un organisme agréé ou d’avoir validé une VAE.
Alors où en est la dentisterie équine aujourd’hui ?
ET bien pour ma plus grande satisfaction, je constate une approche où le bien-être animal (plus nécessairement motivée par l’idée d’un plus grande performance), communique un regain d’intérêt pour les soins bucco-dentaires chez les équidés. De plus en plus, les propriétaires ne lésinent pas à assumer la consultation annuelle pour leurs petits protégés.
On ne le répétera jamais assez, mais : le cheval ne crie pas, ne se plaint pas… Peu de gens peuvent s’arguer de visiter le fond de la bouche de leur équidés et quand bien même d’y déceler quelques gènes ou anomalies… Alors qui mieux qu’un professionnel compétent et formé en dentisterie pourrait réellement évaluer et remédier aux mal-être bucco-dentaire des chevaux ? Comme pour nous, prévenir vaut mieux que guérir !
La régularité des consultations permet non seulement d’éviter des soins plus fastidieux, mais de préserver la patience et la tolérance des animaux. La majeure partie des professionnels précisent une visite dentaire annuelle.
Il est à noter que depuis la récente loi votée en France sur le bien-être animal, la sédation et l’anesthésie locale sont devenues obligatoires pour extraire les dents de loup et de cochon et, seuls les vétérinaires ont la compétence de les pratiquer. Du coup, plusieurs cas de figure se déclinent : la collaboration vétérinaire-Technicien Dentaire Équin, ou bien faire appel seulement au vétérinaire.
Et les chipotages… ????
Et bien, la collaboration Vétérinaires-Dentistes apaise des tensions semble-t-il, mais d’autres contentieux semblent s’enkyster… Certains y vont de leurs convictions, de leur personnalité aussi et de leurs revendications. On assiste à des clivages tels que les détracteurs des méthodes électriques, ceux des méthodes manuelles. Un autre conflit trouve sa source dans la législation même de la profession avec le clan des agréés, le clan des opposants… Mais passons les chipotages !
Car pour finir…
Je veux retenir que mon fabuleux et passionnant métier semble être à un tournant de sa considération, où l’équidé est au centre des préoccupations. Alors, quelques soient les points de désaccords que l’on peut avoir, je crois que le respect dans son sens le plus vaste du terme, celui qui permet d’accepter des points de vue divergents du sien, est partie intégrante de la compétence et de l’éthique d’un professionnel.
Voilà… C’était la « petite longue histoire » de la dentisterie équine à travers les âges ! En espérant n’en n’avoir pas frustré pour les omissions, n’en avoir pas trop endormis pour les détails !