PETITES PENSÉES
POUR CES ÉQUIDÉS AUX MÂCHOIRES ATYPIQUES
Les Troubles du développement de la Base Osseuse, communément appelés TBO, entraînent une modification de la morphologie des mâchoires. Cela se manifeste par une réduction ou une augmentation de la taille d’un os par rapport à la norme. On retrouves ces malformations chez les équidés. Qui n’a jamais entendu parlé de cheval bégu par exemple !
Les TBO sont à considérer car ils ont pour conséquence une gène du mouvement masticatoire plus ou moins importante, et ils favorisent l’apparition de certaines pathologies.
On distingue plusieurs types de TBO :
Pour faire simple on peut les regrouper de 4 sortes :
Les Prognathies, qui correspondent à une déformation de la mâchoire vers l’avant liée au fait qu’un os est plus long que la taille qu’il devrait faire.
Les Brachygnathies, qui correspondent à une déformation de la mâchoire vers l’arrière liée au fait qu’un os est plus court que la taille qu’il devrait faire.
Les Endognathies, qui correspondent à une déformation de la mâchoire vers l’intérieur liée au fait qu’un os est plus étroit que la taille qu’il devrait faire.
Les Exognathies, qui correspondent à une déformation de la mâchoire vers l’extérieur liée au fait qu’un os est plus large que la taille qu’il devrait faire.
Quelle est l’origine de ces malformations ?
Bien souvent les TBO résultent d’une combinaison de plusieurs facteurs, qui font intervenir un déséquilibre entre la croissance du crâne qui fait croître les mâchoires maxillaires et mandibulaires, et la croissance épiphysaire.
2 origines, génétique et congénitale sont retenues pour expliquer ces anomalies :
L’anomalie congénitale est une maladie avec ou sans malformation, apparue in-utéro. Elle est détectée à la naissance ou plus tard dans la vie. La maladie peut avoir été provoquée par une intoxication in-utéro par exemple, par un traumatisme d’ordre mécanique,…, ou il arrive qu’elle puisse être génétique aussi, mais sans qu’elle ait été héritée. On parle alors de « mutation de NOVO ».
Congénital n’est pas synonyme d’héréditaire. Une affection congénitale n’est pas forcément d’origine génétique, mais à l’inverse, une affection héréditaire est souvent congénitale puisque l’anomalie chromosomique est transmise à la conception.
L’anomalie génétique, quant à elle, résulte de l’altération d’un ou de plusieurs gènes. Il s’agit d’une maladie transmissible à la descendance.
Toutefois, il semble que les deux formes les plus courantes que l’on rencontre sont les Prognathies et les Brachygnathies, et je vais développer ici, plus particulièrement, le cas des chevaux dits « Bégus » ou à « mâchoire en bec de perroquet », et celui des « mâchoires de bouledogue, mises en évidence en 1971 par Jones et Bogart :
* Les mâchoires « en bec de perroquet » ou « béguë » correspondent à un excès de longueur de l’os maxillaire (supérieur) par rapport à la mandibule (inférieur) (Pizzatta, 1991). D’après JONES et BOGART, il s’agirait d’une anomalie héréditaire à déterminisme dominant. Ainsi, il peut s’agir soit d’une brachygnathie mandibulaire, soit plus rarement d’une prognathie maxillaire ou d’un mélange des deux, parce qu’en fait, ces anomalies peuvent résulter d’un défaut de longueur de l’un des trois os (incisif, maxillaire ou mandibulaire), voire de plusieurs simultanément (cf le schéma ci-dessous) :
Quelle que soit la cause du bec de perroquet, elle modifie l’usure des incisives qui, ne s’opposant plus les unes aux autres, s’allongent excessivement à la façon de celle du lapin (voir illustration précédente). Dans les cas les plus sévères, les incisives les plus rostrales deviennent convexes, et nécessitent une réduction par étape afin de ne pas risquer d’exposer la pulpe.
Dans les cas les moins sévères, les conséquences sont surtout esthétiques.
En même temps, cette anomalie peut générer le développement de crochets plus ou moins volumineux sur la 6 ième, c’est à dire la « première prémolaire », supérieure ou sur la 11 ième mandibulaire ou sur les deux ( voir schéma ci-dessous).
Les « mâchoires de Bouledogue », qui à l’inverse du cas précédent, correspondent à un raccourcissement de la mâchoire supérieure par rapport à la mâchoire inférieure. Ce cas serait plus rare que le précédent.
Dans le cas de la mâchoire de bouledogue, la prognathie mandibulaire est l’origine la plus retenue actuellement.
A l’inverse de l’anomalie en Bec de perroquet, des crochets vont davantage se développer au niveau des 6 ièmes inférieures et des 11 ièmes supérieures.
Ainsi, au niveau dentaire, plusieurs cas de figure vont se présenter dans les configurations des mâchoires en « bec de perroquet » ou en « bouledogue » :
Avec un décalage des incisives uniquement lorsque le défaut de longueur touche l’os incisif :
Avec un décalage des incisives et des arcades prémolaires et molaires lorsque le défaut de longueur touche les os maxillaires, mandibulaires ou simultanément un des trois :
Quelques Observations :
Dans tous les cas, ces « crochets » formés peuvent alors causer des lésions au niveau des joues et pourront être douloureux avec l’appui du mors.
Il est à noter que ces anomalies peuvent parfois être traitées chirurgicalement chez le jeune. L’intervention consiste à réajuster les os.
Par ailleurs, on peut aussi faire la remarque que si les petits écarts de longueur sont fréquents, les grands écarts de longueur sont quand même plus rares. En gros, les anomalies moins prononcées sont davantage constatées.
Je me suis concentrée sur les mâchoires en bec de perroquet » et de bouledogue mais il me semble important de souligner qu’il existe de nombreux autres TBO et qu’ils n’atteignent pas forcément l’aplomb des incisives, et le défaut de longueur d’un os peut se répercuter seulement sur l’alignement des molaires et prémolaires comme le montre le schéma ci dessous :
Petit résumé quant aux conséquences pour l’animal qui présente un TBO :
Au niveau dentaire, ces déformations vont favoriser la formation de surdents et de pointes d’émail au niveau des 6 ieme et des 11 ieme (encore appelées Crochets).
Cela va également accentuer les dysfonctionnements du mouvement masticatoire, de manière plus ou moins importante. La mobilité des arcades pouvant s’en trouver limitée, notamment en raison d’un défaut de pression (insuffisance ou défectueuse). Cela a pour conséquence une mastication amoindrie et une usure des dents bien moins efficiente. Lorsque le cheval est au travail, le mouvement antéro-postérieur de la mâchoire peut se trouver bloqué ou entravé, empêchant ou rendant difficile certains exercices et créant des défenses.
Les incisives sont aussi le siège d’une surveillance accrue dans cette pathologie : Leur usure, si elles sont encore en contact, vient former un biseau très oblique, et celles de la mâchoire plus courte, en poussant démesurément, peuvent blesser la mâchoire opposée, la région des barbillons ou la voûte palatine. Déjà au 19 ième siècle, il était rapporté que dans de rares cas, une perforation du palais était à craindre (cf Weber et Mittaut, Bulletin de la société centrale de médecine vétérinaire, 1876).
Il faut savoir que du fait du caractère hypsodonte des équidés (pousse continuelle des dents), l’anomalie va se renforcer au fil du temps et donc avec l’âge de l’animal.
On observe généralement suite à la déformation et pour les cas les plus sévères, une possible difficulté dans la préhension des aliments, notamment pour les chevaux qui vivent au pré.
- Alors, oui, d’une façon logique et évidente, les équidés qui sont sujet à ces anomalies signent pour des contrôles dentaires plus fréquents.
Bibliographie complémentaire :
Pour les plus curieux qui maîtrisent l’Allemand, : « Lehrburch der Zahnheilkunde beim Pferd de Carsten Vogt » paru en 2010 – Timo Zwick
ATTENTION ÂMES SENSIBLES : (Photos d’Autopsies) :