TICS CHEZ LES ÉQUIDÉS ET USURE DES DENTS

TICS CHEZ LES EQUIDES ET USURE DES DENTS

Tiqueur -Photo de PAC - site kiliane-dentisterie-equine.com

Tout d’abord, qu’est ce qu’un TIC ?

Les stéréotypies, encore appelées « tics », sont des mouvements répétitifs plutôt réitérés à l’identique (toujours les mêmes), que l’on pourrait catégoriser de « symptomatiques », en ce sens où ils n’ont ni but ni fonction évidente.

« Si vous voyez un cheval sortir sa et bouger sans arrêt sa langue, la mâcher, la frotter sur un support, le lécher, faire claquer leurs lèvres en secouant la tête… c’est qu’il tique ».

Le tic à cette particularité d’être à la fois la conséquence d’un dommage et d’en provoquer à son tour (des dommages) !

 

Pourquoi un cheval tique ? Facteurs en aggravant le risque :

Le tic est une réponse inadaptée à une situation de stress, un mécanisme qui devient ensuite une sorte d’addiction, de dépendance.

Ces comportements peuvent s’avérer être une réponse au stress, à l’ennui, à la privation de contacts entre équidés, au manque de fourrage associé à des quantités importantes de concentrés, à la restriction des mouvements (espace trop exigu), à une faible stimulation sensorielle,.…, mais la liste est loin d’être exhaustive, et l’impact du sevrage est également un sujet qui fait débat dans les facteurs favorisant l’apparition de tics.

Tiquer à l'appui- Photo de PAC - site kiliane-dentisterie-equine;com -

Quels sont les équidés qui peuvent tiquer ?

La réponse est courte : TOUS !

Il n’y a pas d’âges ou de genre privilégiés. Des chevaux remis au pré peuvent se mettre à tiquer, tout comme un tiqueur invétéré arrêtera de tiquer.

Pour autant, une équipe de l’ISME (Institut Suisse de Médecine Équine) a montré que les tics sont des indicateurs comportementaux d’une qualité de vie basse, propres à la domestication et à la détention, qui se mettent en place dans un contexte lié à une phase de stress chronique, de conflits et de frustrations répétées, en combinaison avec une prédisposition génétique.

 

Les conséquences du tic sur la santé de l’équidé :

D’une façon générale, les tics peuvent avoir des conséquences néfastes pour la santé du cheval. Tous ne génèrent pas une usure excessive des dents, mais ce sont ceux-là, les tics à l’appui, qui vont nous intéresser. Lorsqu’ils se manifestent, on peut constater des déplacements de vertèbres (entre autre), et c’est toute une difficulté digestive qui généralement se répercute, avec notamment, un vrai défi parfois pour maintenir un poids constant chez l’animal.

Certaines études suggèrent un lien potentiel entre la manifestation de ces stéréotypies et la présence d’ulcères. L’administration d’anti-acide améliorerait l’état de l’estomac et réduirait, de fait, la fréquence des tics pendant la digestion. Un lien direct avec le type de régime alimentaire est mis en exergue (alimentation rationnée -peu de foin et beaucoup de concentrés).

Des tics qui provoquent une usure « anormale » des dents chez les équidés :

  • Le fameux « tic à l’appui » : Le cheval saisit des objets fixes, s’appuie sur un support avec ses incisives, puis balance souvent son corps en arrière. La contraction des muscles de l’encolure et l’émission d’un bruit rauque qui correspond au passage de l’air dans l’œsophage sont caractéristiques. (Un cheval qui tique à l’air prend la même posture d’encolure et fait le même bruit, mais ne prend pas appui).

  • Certains chevaux vont carrément frotter leurs dents contre les murs ou les barreaux de leur box. Il est facile de comprendre qu’en faisant de la sorte, ils usent prématurément leurs incisives. Le résultat est parfois spectaculaire. D’une part, leur capital dentaire ainsi éprouvé va raccourcir la durée de vie des dents, ce qui peut grandement impacter sur la longévité de l’animal, mais pas que….

Usure des incisives et lampas sur un cheval de 30 ans, vue de profil - Photo de PAC- site kiliane-dentisterie-equine.com
Usure des incisives et lampas sur cheval de 30 ans, vue de face - Photo de PAC- site kiliane-dentisterie-equine.com
  • Dans l’ouvrage «  De l’extérieur du cheval », MM GOUBAUX & BARRIER expliquent que de leurs observations autour du tic chez le cheval, il résulte que les variétés d’usures qui lui sont inhérentes rentrent dans l’une des cinq catégories suivantes :

1° Quand l’usure attaque les pinces et les mitoyennes et plus rarement, elle ne porte que sur les coins. Elle est d’ordinaire plus étendue d’un côté que de l’autre. Le biseau qui en résulte peut atteindre jusqu’à deux centimètres de longueur et diminue toujours dans une grande proportion la surface de la table dentaire. 4 schémas extraits de « De l’extérieur du cheval » – de MM GOUBAUX & BARRIER– se dessinent :

c. Il se fait remarquer aux deux mâchoires (G). d. Les deux biseaux sont sur le même plan au lieu d'être convergents vers l'intérieur de la bouche
a. Le biseau n'existe qu'à la mâchoire supérieure (A) ; b. On ne l'observe qu'à l'inférieure (B) ;

2° Quand l’usure particulièrement difficile à observer, qui porte sur leur face postérieure des incisives, Elle peut facilement être reliée accidentellement à autre chose qu’un tic, mais un observateur aguerri apercevra le biseau postérieur et la courbure plus accusée des incisives. (fig. 327 : A, B, C).

a. Le biseau postérieur existe en haut seulement (A) ; b. Il n'existe qu'en bas (B) ;
c. Il se montre aux deux mâchoires (C).

3° Quand l’usure entame les deux faces des incisives : (fig. 327, D et fig. 328, A).

L’âge de l’équidé devient alors difficile à déterminer au regard de la diminution de l’étendue des tables et dans des sens opposés. Deux cas peuvent se présenter :

   a. Il existe un biseau antérieur en haut et un biseau postérieur en bas (fig. 327, D).                   b. Le biseau antérieur porte sur les dents du bas, le postérieur, au contraire, sur celles du haut (fig.328, A), un cas moins fréquent, car elle nécessite une position de la tète plus gênante pour l’animal.

4° Quand l’usure affecte les tables dentaires : (fig. 328, B, C, D).

On observe alors un simple raccourcissement des dents par usure régulière, mais excessive, de toute la surface de frottement des dents qui portent sur le corps étranger.. « Or, comme tous les chevaux qui ont les incisives trop courtes ne sont pas forcément tiqueurs, et que, d’autre part, tous les tiqueurs n’ont pas fatalement les dents moins longues qu’il ne faut », la prudence est de rigueur !

Voici les trois cas possibles constatés par MM GOUBAUX & BARRIER

a. Le raccourcissement n’intéresse que les dents de la mâchoire supérieure (B) ;

b. Il affecte seulement celles de la mâchoire inférieure (C) ;

c. Enfin, il porte à la fois sur celles des deux mâchoires (D), lorsque le bord libre de l’auge, par exemple, est assez étroit pour que l’animal puisse le mordre avec facilité.

5° Quand l’usure touche les faces latérales des incisives (fig. 329).

Ces cas sont caractérisés par la formation d’un double biseau convergent vers le centre de la bouche et lorsque les mâchoires sont rapprochées, une série de gouttières verticales qui peuvent finir par atteindre la gencive, faisant tiquer l’animal de l’autre côté afin d’éviter la douleur. Les tables sont profondément entamées sur leur bord antérieur et sur les bords latéraux.

Quand l'usure touche les faces latérales des incisives (fig. 329).
Cheval tiqueur- Photo de PAC- site kiliane-dentisterie-equine.com

La vigilance du Technicien Dentaire Équin auprès des chevaux qui tiquent :

« Il est clair que ses dents devront présenter des caractères anormaux qui varieront d’ailleurs dans une très grande proportion, suivant le mode choisi pour tiquer, la nature et la forme des corps sur lesquels s’effectuera l’appui des mâchoires. »

(Extrait de De l’extérieur du cheval – Page 767- MM GOUBAUX & BARRIER)

L’atteinte des dents d’un cheval qui tique ne se limite pas à l’usure prématurée des incisives, face à laquelle n’importe quel dentiste sera impuissant. Non, c’est toute l’intégrité des tables dentaires prémolaires/ molaires qui peuvent subir des anomalies concomitantes. On pourra aussi voir des défauts d’occlusion empêchant une mastication satisfaisante, et par delà, qui engagera la digestion de l’animal.

Rappelons-le, un déséquilibre au niveau des tables dentaires peut engendrer des lésions ostéopathiques, en passant par des tensions dans l’ATM, mais cela peut aussi se répercuter sur l’ensemble du corps et l’état de l’équidé.

Le technicien dentaire équin, par un suivi régulier, veillera à maintenir au mieux la cavité buccale, en prévenant et restaurant.

Selon la situation, il pourra rapprocher les contrôles, mais cela n’est pas un incontournable non plus.

Alors il est vrai que le sujet aborde de vraies problématiques, mais ma conclusion se voudra néanmoins rassurante et s’appuiera sur « La réponse du Docteur P. Chuit – Cheval Santé, et je le cite :

« L’idéal serait de trouver la raison qui stresse ce jeune anglo-arabe au point de la faire tiquer à l’appui… Ayant observé la bouche de nombre de chevaux durant mes nombreuses années de pratique, si j’ai vu des dentures qui ont passablement souffert, mais je n’ai jamais été confronté à un souci de préhension du fourrage. Comme la plupart prennent appui avec leurs incisives maxillaires, leurs lèvres supérieures, déjà très habiles pour choisir le brin d’herbe, ils se débrouillent très bien. »

Usure des incisives d'un poney les frottant sur la porte du box - Photo de PAC- site kiliane-dentisterie-equine.com

Sources supplémentaires : « Le parfait Maréchal », Solleysel ch2 87 -DU TICQ1785 –IFC – Les dents du cheval

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